Campagnols des champs : quel impact sur l’agriculture?

Le campagnol des champs ( Microtus arvalis ) est un petit rongeur commun dans les régions tempérées d'Europe. S'il joue un rôle crucial dans l'écosystème en tant que proie pour de nombreux prédateurs naturels, il peut aussi causer des dommages considérables aux cultures agricoles, engendrant des pertes économiques importantes pour les agriculteurs.

Les dégâts causés par les campagnols

Les campagnols des champs se nourrissent principalement de racines, de tiges et de feuilles de plantes, ce qui les rend particulièrement nuisibles aux cultures agricoles. Ils peuvent causer des dommages importants aux céréales, aux cultures maraîchères, aux fruitiers, aux vignes et à d'autres cultures.

Destruction des cultures

  • Les campagnols rongent les racines des plantes, ce qui peut les affaiblir et les empêcher de pousser correctement. En France, on estime que les campagnols peuvent causer des pertes de rendement de 10% à 20% sur les cultures de céréales.
  • Ils peuvent également endommager les tiges et les feuilles des plantes, affectant ainsi leur croissance et leur production. Par exemple, les campagnols peuvent causer des dégâts importants aux cultures de pommes de terre, en particulier aux tubercules, qui constituent leur source de nourriture principale.
  • Les campagnols sont connus pour causer des dégâts importants aux vignes, en particulier lors des périodes de pullulation, où ils peuvent dévorer les racines et les tiges des plants de vigne, affectant le rendement et la qualité du vin.

Propagation de maladies

Les campagnols des champs peuvent être des vecteurs potentiels de maladies, transmettant des agents pathogènes tels que la salmonellose, la leptospirose et la maladie de Lyme. Ces maladies peuvent affecter la santé des animaux d'élevage et, dans certains cas, être transmises à l'homme.

Dégâts aux infrastructures

Les campagnols peuvent également causer des dommages aux infrastructures agricoles, notamment aux systèmes d'irrigation, aux bâtiments agricoles et aux clôtures. Ils peuvent creuser des tunnels sous les bâtiments et endommager les fondations, ce qui peut entraîner des coûts de réparation importants pour les agriculteurs.

Facteurs favorisant les pullulations de campagnols

Les pullulations de campagnols des champs sont un phénomène récurrent dans les régions agricoles. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à leur apparition et à leur développement.

Facteurs naturels

Les populations de campagnols des champs fluctuent naturellement en fonction des conditions environnementales. Des conditions climatiques favorables, avec des températures douces et des précipitations régulières, peuvent favoriser la reproduction et la survie des campagnols, ce qui peut entraîner une augmentation rapide de leur nombre. Par exemple, une année avec un printemps doux et humide peut favoriser une forte reproduction des campagnols et entraîner une pullulation importante.

Facteurs liés aux pratiques agricoles

  • L'utilisation excessive d'engrais et de pesticides peut avoir un impact négatif sur la biodiversité et la chaîne alimentaire, favorisant le développement des campagnols en éliminant leurs prédateurs naturels. On estime que l'utilisation de pesticides a entraîné une diminution de 50% des populations de rapaces, prédateurs naturels des campagnols, au cours des dernières décennies.
  • Les monocultures, qui consistent à cultiver un seul type de plante sur une grande surface, réduisent la diversité des habitats et des ressources alimentaires, ce qui peut favoriser la multiplication des campagnols. Par exemple, une culture de blé sur une grande surface offre une source de nourriture abondante et uniforme, ce qui peut favoriser une forte croissance des populations de campagnols.
  • La conservation des chaumes et des résidus de cultures offre un abri et des ressources alimentaires aux campagnols, contribuant à leur survie et à leur multiplication. Les chaumes et les résidus de cultures peuvent servir de matériau de nidification et de protection contre les prédateurs, ce qui peut permettre aux campagnols de se multiplier rapidement.

Facteurs liés à la gestion des espaces naturels

  • La déforestation et la fragmentation des habitats naturels réduisent les zones de refuge et de migration des campagnols, ce qui peut concentrer les populations dans les zones agricoles et intensifier les dégâts. La disparition des haies et des forêts, qui constituent des habitats naturels pour les prédateurs des campagnols, peut entraîner une augmentation des populations de campagnols dans les zones agricoles.
  • La diminution des prédateurs naturels, due à la chasse, à la destruction d'habitats et à l'utilisation de pesticides, peut entraîner une augmentation des populations de campagnols en l'absence de régulation naturelle. Par exemple, la diminution des populations de hiboux et de faucons, qui se nourrissent de campagnols, peut contribuer à une augmentation des populations de campagnols dans les zones agricoles.

Solutions pour limiter les dégâts causés par les campagnols

Pour limiter les dégâts causés par les campagnols, les agriculteurs peuvent mettre en place des stratégies de lutte intégrée, combinant des méthodes préventives et curatives.

Méthodes préventives

  • La diversification des cultures permet de réduire les risques de pullulation en offrant une variété d'habitats et de ressources alimentaires, limitant ainsi la concentration des campagnols dans certaines zones. La mise en place de rotations de cultures, par exemple, peut contribuer à réduire la densité des populations de campagnols.
  • La mise en place de haies et d'abris pour les prédateurs naturels des campagnols, tels que les rapaces, les mustélidés et les renards, peut contribuer à réguler naturellement leurs populations. La création de haies et de bosquets peut fournir des habitats pour les prédateurs naturels des campagnols, ce qui peut aider à contrôler leurs populations.
  • La conservation des prairies et des zones non cultivées offre des habitats naturels aux prédateurs, réduisant ainsi les risques de pullulation des campagnols. La conservation des prairies et des zones non cultivées peut favoriser la présence de prédateurs naturels des campagnols, tels que les renards et les belettes.
  • Des techniques de lutte biologique peuvent être utilisées, telles que l'introduction de prédateurs naturels ou l'utilisation de plantes répulsives pour limiter les populations de campagnols. La mise en place de nichoirs pour les chouettes effraies, par exemple, peut contribuer à la régulation des populations de campagnols.

Méthodes curatives

  • L'utilisation de rodenticides est une méthode efficace pour réduire les populations de campagnols, mais elle présente des inconvénients importants, notamment l'impact sur la faune non-cible et la pollution de l'environnement. Les rodenticides peuvent avoir des effets négatifs sur d'autres animaux, tels que les renards et les oiseaux de proie, qui peuvent se nourrir de campagnols morts empoisonnés.
  • Les pièges et la chasse sont des méthodes mécaniques de lutte contre les campagnols, qui peuvent être efficaces mais nécessitent une intervention humaine régulière. Les pièges à campagnols doivent être utilisés avec précaution et doivent être placés de manière à ne pas nuire aux autres animaux.
  • Les répulsifs acoustiques, qui émettent des ultrasons pour éloigner les campagnols, peuvent être utilisés en complément d'autres méthodes de lutte, mais leur efficacité est encore controversée. Les répulsifs acoustiques peuvent avoir un effet limité et ne sont pas toujours efficaces pour dissuader les campagnols.

La lutte contre les campagnols des champs représente un défi important pour les agriculteurs. La mise en place de stratégies de gestion intégrée, combinant des méthodes préventives et curatives, est essentielle pour limiter les dégâts et garantir la durabilité des pratiques agricoles. La collaboration entre les agriculteurs, les chercheurs et les institutions est indispensable pour développer des solutions innovantes et durables pour lutter contre les pullulations de campagnols.